1-12 La blague de la semaine des petits farceurs (12/13, saison 1)

L'article complet : https://drive.google.com/open?id=1yXbFxtfatk_jyS_f1y0aDmewuuzMiDbtQFV71h5tWCI



La Ville de Mons et la Région wallonne tiennent à ce que la pratique du vélo soit réservée à des cyclistes d'élite, prêts à monter au front avec pour seule armure un humour à l'épreuve des trous-de-balle. Pas de place sur ce champ de bataille pour les timorés, les tire-au-flanc, les bébés, les pépés, les poules mouillées et, en définitive, presque tous les Montois qui n'ont pas l'étoffe d'un trompe-la-mort, voire d'un kamikaze.

Pour cela il fallait que la Ville et la Région trouvent une blague porteuse d'un symbole fort: la baïonnette! La baïonnette, c'est la forme que prennent les sorties du boulevard central de Mons vers les allées latérales, à gauche ou à droite. Certains préfèrent l'appeler "la guillotine" en référence aux voitures qui coupent à toute allure la trajectoire des cyclistes lorsqu'ils quittent l'allée centrale. Bref, c'est vraiment une blague à l'humour tranchant comme une lame, réservée à ceux qui n'ont pas peur d'aller au casse-pipe.

Pour survivre au coup de la baïonnette, il faut que l'usager du vélo ait de la bravoure et de la vaillance, mais aussi une grande maîtrise de son vélo, une bonne vista des mouvements exécutés par les blindés légers autour de lui. Il faut donc du culot, une solide dose de sang-froid et, à défaut, beaucoup de chance. Et si nécessaire, il faut aussi savoir jouer la ruse, battre en retraite ou rester à couvert.

Cette blague, qui date des années 70-80 est présente à 12 endroits différents  sur les boulevards de Mons (7 fois à gauche et 5 fois à droite). Elle a puissamment contribué aux efforts qui ont permis à la Ville de Mons et à la Région wallonne d'éradiquer avec succès la pratique du vélo parmi les usagers faibles.

Le coup de la baïonnette se classe ainsi parmi plus belles épreuves du "safari urbain de la capitale européenne de la blague cycliste", proposé par les cyclistes gonflés à bloc et que vous pouvez retrouver sur le site forum.lescyclistesgonfles.

Pour les cyclistes gonflés

Luc Beeusaert.

Aucun cycliste n'a été blessé ni tué pendant les prises de vues de cette blague. Les figurants en ont été quittes pour quelques frissons… de peur et de froid.

Le coup de la baïonnette

La baïonnette à gauche du boulevard Dolez (avant la Place de Flandre, côté ville). Pour négocier la baïonnette, le cycliste (vert) doit se déporter sur la bande de gauche pour laisser la place aux voitures (en rouge) qui déboulent sur la bande de droite en provenance du boulevard. Comme le lui intiment le Code de la route et la signalisation, il doit ensuite se rabattre sur la bande de droite en coupant la trajectoire de voitures qui arrivent parfois à toute allure.



En vert, la trajectoire que doit suivre le cycliste. La difficulté: se déporter sur la gauche sans être pris en sandwich entre les deux voitures, puis se rabattre sur la droite en coupant la trajectoire de la voiture qui vient du boulevard.



Voici le début de la baïonnette. Objectif: se placer sur la bande de gauche pour laisser la place aux voitures qui vont débouler du boulevard. Attention à ne pas se faire coupe la route par une voiture qui choisit ce moment pour doubler!



Le cycliste a tout intérêt à empêcher les voitures qui le suivent de le doubler, car il risque de se retrouver pris en sandwich avec celles qui viennent du boulevard.



C'est le moment de vérité, car les voitures peuvent surgir à toute allure du boulevard.



Ils sont passés! Honneur aux braves!



Après le coup de la baïonnette, le fantassin-cycliste risque encore d'être débordé par les flancs par un blindé léger lancé à pleine vitesse.



La même chose vue de face et avec des voitures. Le premier cycliste est déjà passé, mais la deuxième doit négocier une trêve avec la voiture à sa droite et l'autre qui la presse par l'arrière.



"Messieurs les Cyclistes, passez les premiers", semble dire l'automobiliste pacifiste, qui s'est carrément arrêté pour laisser passer la valeureuse cycliste. Ce n'est pas souvent le cas, car les conducteurs qui sortent du boulevard ont peur de se faire emboutir par l'arrière par une autre voiture.



La voiture qui suit la cycliste est un véhicule d'auto-école, piloté par une jeune recrue qui maintient une belle distance de sécurité par rapport au cycliste.



Sans se faire davantage prier, la cycliste se rabat sur la droite



Elle est passée. Cela aurait pu être pire. Par exemple, être suivie directement par le bus que l'on voit dans le fond de l'image.



Aux heures de pointe, la baïonnette à droite du boulevard Dolez n'est pas moins dangereuse pour le cycliste (en vert) qui veut rejoindre la place de Flandre, car il doit se placer sur la bande de gauche, alors que de nombreuses voitures (en rouge) qui viennent du boulevard veulent se placer sur la bande de droite pour tourner vers l'avenue reine Astrid.



Le cycliste arrive évidemment par l'allée latérale droite. Il faut déjà commencer à prendre sa place dans la file des véhicules. Sans cela, difficile de se déporter vers la gauche. Aux heures de pointe, c'est chaud malgré les -5° C. qu'il faisait ce jour-là.



Lorsque la file qui vient du boulevard central apparaît sur la gauche, il est temps d'annoncer ses intentions. Imaginez une jeune recrue à la place de ce presque ancien combattant. Il ne faudrait pas longtemps pour qu'il devienne de la chair à calandre.



La photo est floue. Mais la manœuvre est réussie. Le cycliste est parvenu sur la file de droite.



Regard farouche, nerfs d'acier, moral de combattant, il faut bien ça à un vieux grognard pour défier l'adversité.



Voilà comment depuis 40 ans le coup de la baïonnette a aidé la Ville de Mons et la Région wallonne à éradiquer la pratique du vélo chez les pleutres, les mauviettes, les tire-au-flanc, les déserteurs… et (presque) tous les autres Montois.